Des scientifiques canadiens demandent des discussions sérieuses sur l’utilisation de la modification génétique en tant que nouvelle technique dans la lutte antiparasitaire. Dans un rapport récent de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, une branche de Santé Canada qui réglemente l’utilisation des pesticides, les experts soutiennent que la modification génétique pourrait devenir un outil puissant alors que les anciens insecticides perdent leur efficacité et que le changement climatique entraîne de nouvelles infestations.
Déjà, de telles techniques sont testées pour empêcher les moustiques de propager le paludisme. Cependant, les auteurs du rapport mettent en garde contre de nombreuses variables inconnues. Ils affirment que les conséquences de la libération de versions synthétiques d’organismes naturels pourraient être nuisibles et permanentes.
Nouvel espoir
Les scientifiques utilisent la modification génétique pour inverser la situation vis-à-vis des insectes nuisibles en modifiant leurs génomes, offrant aux agriculteurs et aux médecins de nouvelles façons de les combattre. Ce domaine en pleine progression offre un nouvel espoir contre les insectes nuisibles de longue date tels que le paludisme et pourrait fournir des solutions innovantes alors que les insecticides traditionnels deviennent moins efficaces et que le changement climatique façonne les écosystèmes. Mais des préoccupations entourent cette nouvelle technologie comme un essaim de moucherons. « Des questions persistent quant à l’efficacité, à la sécurité et à l’importance de ces outils », indique un nouveau rapport du Conseil canadien des académies. « Est-il approprié de déployer l’édition génétique dans l’environnement naturel et comment l’édition génétique s’intégrera-t-elle dans la boîte à outils plus large de la lutte antiparasitaire ? »
Publié la semaine dernière, le rapport a été commandé par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, une branche de Santé Canada qui réglemente les produits chimiques utilisés dans la lutte antiparasitaire. Ses auteurs espèrent qu’il lancera un débat urgent et réfléchi sur le rôle potentiel de cette nouvelle méthode dans l’élimination de ces insectes. « Les outils de lutte antiparasitaire génétique pourraient radicalement changer notre relation avec l’environnement, non seulement en raison de leur impact potentiel sur l’écosystème dont nous faisons partie, mais aussi en remettant en question les valeurs sociales et culturelles qui influencent les décisions entourant leur utilisation », souligne le rapport.
Résistance et changement climatique
Selon Mark Belmonte, co-auteur et biologiste à l’Université du Manitoba, il existe plusieurs raisons pour lesquelles la lutte antiparasitaire génétique est envisagée. « Les pesticides traditionnels sont de moins en moins efficaces, soit parce que les insectes développent une résistance, soit parce que les communautés recherchent ce que je considère comme des alternatives plus sûres », explique-t-il. Le changement climatique ajoute ses propres pressions. « Nous avions l’habitude d’avoir des hivers très froids qui étaient excellents pour lutter contre les insectes », dit M. Belmonte. « Maintenant, nous constatons un énorme changement où les périodes froides ne durent pas aussi longtemps ou disparaissent complètement. Nous constatons que les populations d’insectes changent très rapidement. »
De plus, cette technique réduit l’utilisation de produits chimiques et, contrairement aux pesticides, elle cible spécifiquement une seule espèce.
Des stratégies multiples
Les réponses génétiques à ces défis consistent à modifier un génome pour stériliser l’organisme nuisible ou à modifier autre chose pour le rendre moins efficace, comme réduire sa capacité à survivre dans le froid. Ces stratégies peuvent être utilisées de deux manières. Dans une approche, une population modifiée de mâles stériles est introduite en grand nombre pour réduire et contrôler une infestation. Les insectes modifiés devraient être périodiquement réintroduits. Dans l’autre approche, l’insecte – peut-être par un changement qui le rend vulnérable à un produit chimique – est modifié de manière à ce que son génome remplace celui d’origine dans la population globale. Le nouvel arrivant devient la nouvelle norme.
Bien que les humains aient sélectionné des animaux pour des traits souhaités depuis des siècles, le co-auteur Ben Matthews, zoologiste à l’Université du Manitoba, affirme que cela est fondamentalement différent. L’élevage d’animaux pour des caractéristiques souhaitées offre des années pour évaluer leur comportement et leurs impacts, tandis que la libération d’un organisme génétiquement modifié depuis le laboratoire ne permet pas la même luxure. Beaucoup de gens se sentent mal à l’aise avec « jouer à Dieu », a-t-il ajouté.
Des moustiques génétiquement modifiés sont déjà testés en Afrique pour lutter contre le paludisme, une maladie qui a fait près de 620 000 morts l’année dernière. Ce bilan constitue un argument convaincant en faveur de nouvelles recherches, selon Robert Slater, professeur de politique publique à l’Université Carleton et président du comité qui a rédigé le rapport.
Preuves limitées
Le Canada commence tout juste à discuter de la manière de réglementer les insectes génétiquement modifiés, explique M. Slater. Ce ne sera pas facile. « Le système de régulation fonctionne sur la base de preuves. Il doit peser les risques et les avantages. Il s’agit d’une technologie entièrement nouvelle et nous avons des preuves limitées de ce qu’elle peut faire et de ses effets à long terme », souligne-t-il.
FAQ
1. Qu’est-ce que la modification génétique dans la lutte antiparasitaire ?
La modification génétique dans la lutte antiparasitaire consiste à modifier les gènes des insectes nuisibles pour réduire leur population ou affaiblir leur capacité à survivre. Cette technique offre de nouvelles solutions alors que les insecticides traditionnels deviennent moins efficaces et que le changement climatique entraîne de nouvelles infestations.
2. Comment les insectes génétiquement modifiés sont-ils utilisés pour lutter contre le paludisme ?
Des scientifiques ont testé des moustiques génétiquement modifiés en Afrique pour prévenir la propagation du paludisme. En modifiant les gènes des moustiques, ils visent à réduire la population de moustiques porteurs du paludisme et éventuellement éliminer la maladie.
3. Quelles sont les préoccupations entourant la modification génétique dans la lutte antiparasitaire ?
Il y a des préoccupations concernant les conséquences inconnues de la libération de versions synthétiques d’organismes naturels. Les détracteurs craignent que ces modifications puissent avoir des effets néfastes et permanents sur les écosystèmes. Il y a également des préoccupations éthiques concernant les conséquences involontaires et la manipulation de la nature.
4. En quoi la lutte antiparasitaire génétique diffère-t-elle des pesticides traditionnels ?
Les techniques de lutte antiparasitaire génétique ciblent spécifiquement une seule espèce, réduisant ainsi l’utilisation de pesticides à large spectre. Cette approche peut être plus respectueuse de l’environnement et efficace pour le contrôle des parasites.
5. Quel rôle joue le changement climatique dans la lutte antiparasitaire génétique ?
Le changement climatique affecte les populations d’insectes en modifiant leurs habitats et leurs conditions de survie. Les techniques de lutte antiparasitaire génétique offrent des solutions potentielles pour lutter contre les dynamiques changeantes des populations de parasites causées par le changement climatique.